Le Temps des Contes

Un RPG reprenant les bases de OUAT dans un contexte inédit et de nouveaux lieux, avec les anciens de la série et les nouveaux. Bienvenue à Bourg-Le-Conte !
 
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 Juste une main tendue | Candide

 
Arthur Smith

Arthur SmithArthur, le possédé

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Conte : Mystery Skulls

Personnage : Arthur Kingsmen

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MessageSujet: Juste une main tendue | Candide   Juste une main tendue | Candide EmptyLun 10 Déc - 21:05


Juste une main tendue

Il avait recommencé. Arthur s’était réveillé adossé contre un mur au fin fond d’une ruelle, sans aucune idée de comment il était arrivé là. Et depuis le temps que ça arrivait, il savait ce que ça signifiait. Une fois de plus, il avait perdu le contrôle. Qu’est-ce qu’il avait encore fait… ? Il se regarda, espérant ne pas voir de trace de sang sur lui, mais il y en avait. Il y en avait presque toujours. Il avait dû se battre… encore… Lui qui d’ordinaire ne se sentait pas capable de tenir tête à quiconque, il semblerait que l’autre ait trouvé le moyen de le faire. Malheureusement. Et ça aurait des conséquences, sans aucun doute. Mais les conséquences, ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Arthur. Que quelqu’un vienne se venger pour ce qu’il avait fait, c’était normal. Il se devait d’assumer les conséquences de ses actes, même s’il ne se souvenait même pas de l’acte en question. Et le fait d’accepter d’assumer ne l’empêchait pas de trembler à chaque fois qu’un parfait inconnu venait le voir avec un air peu aimable sur le visage. Mais avant tout, Arthur se souciait de la personne qu’il avait pu blesser. A chaque fois il espérait qu’il n’avait rien fait de trop grave. En l’occurrence il constata qu’il avait une batte de baseball dans la main. Allez savoir où il avait trouvé ça, mais ça ne le rassurait pas le moins du monde. Et s’il avait frappé quelqu’un avec ça ? Il espérait que non… Il resta là quelques instants, à imaginer les pires scénarios qui avaient pu se produire au cours de ces dernières heures dont il n’avait aucun souvenir, les jambes ramenés contre lui et en pleurant de peur à l’idée d’avoir commis les pires atrocités. Combien de temps avait durée son absence ? Il n’en avait aucune idée. Il sortit son téléphone pour savoir l’heure qu’il était, il pourrait à peu près estimer le temps qu’il avait passé à faire il ne savait quoi, en espérant que ça ne fasse que quelques minutes, et il pourrait se rassurer en se disant qu’en quelques minutes, il ne pouvait pas avoir le temps de faire grand-chose. Mais ce n’était jamais quelques minutes et cette fois-ci ne faisait pas exception. Il était 00h48. Il avait un trou d’au moins deux heures, et en deux heures, il peut s’en passer des choses…

Il n’en pouvait plus. Il ne savait pas quoi faire. Il fixait encore son téléphone. Arthur avait envie de parler. Qu’on lui dise quoi faire. Pendant longtemps, il n’avait eu personne à qui s’adresser. Il ne cherchait pas réellement à trouver quelqu’un pour ça. Toute cette histoire l’avait poussé à se renfermer sur lui-même. Cette voix dans sa tête lui disait qu’il vaudrait mieux pour tout le monde que personne ne soit au courant de son état. A force, Arthur avait finit par l’écouter, du moins sur ce point-là. Le matraquage, avait finit par porter ses fruits. Surtout quand il y avait une pointe de menace qui allait avec. Arthur avait toujours été très réceptif aux menaces. Aussi il tentait de dissimuler son état du mieux qu’il le pouvait, mais ce n’était pas facile. Même si ça passait pour la plupart des gens car ils ne s’intéressaient pas vraiment à lui, il suffisait de creuser juste un tout petit peu plus loin pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Et Arthur avait fait la rencontre de quelqu’un qui avait creusé un peu plus loin. Enfin, de quelqu’un qui n’avait bizarrement pas l’air de détester son autre personnalité qui causait autant de torts aux autres. Ca avait l’air de lui être totalement égal que d’une minute à l’autre, il puisse devenir violent et tout détruire sur son passage. Avoir fait la rencontre de quelqu’un qui l’acceptait malgré sa situation lui avait fait bizarre, ayant du mal à y croire au début. Mais finalement, pouvoir parler de ce qu’il ressentait à quelqu’un lui avait sans doute fait plus de bien qu’il n’aurait pu l’imaginer. Surtout que ce quelqu’un n’était pas non plus entièrement sain d’esprit non plus.

Sa main était tremblante, comme le reste de son corps, lorsqu’il composa le numéro. Le téléphone sonna quelques fois, Arthur avait peur qu’elle ne réponde pas. Peut-être qu’elle était occupé ? Elle avait sans doute mieux à faire que de s’occuper de lui. Il considérait que n’importe quoi était mieux à faire que de s’occuper de lui. Il était tellement pitoyable, encore plus dans ce genre de moments. D’ordinaire il essayait de déranger un minimum les gens… Mais il ressentait tellement ce besoin de parler, maintenant qu’il le pouvait. Il sentit une vague de soulagement l’envahir lorsqu’il entendit le téléphone se décrocher. Mais sur le coup, il ne savait même pas quoi dire…

- Candide…

Il essaya de calmer sa respiration et de sécher ses larmes pour pouvoir articuler quelques mots, mais ça revenait toujours. Il avait peur, se sentant à la fois monstrueux et pathétique. Il aurait pu lui dire tout ça, lui partager ses craintes mais sur le coup, ça ne venait pas à sa bouche, n’étant pas encore habitué à parler de ça, surtout juste après sa crise.

- Ca… Ca a recommencé…

Le fait de le dire à voix haute, et de savoir que quelqu’un l’entendait, le fit verser plus de larmes, comme si ça l’aidait à se vider de toutes ces pensées négatives, même si pour l’instant elles étaient encore bien présentes. Il releva un peu la tête et regarda un peu plus autour pour savoir où il était. Il faisait totalement nuit et aucune lumière n’éclairait l’impasse dans laquelle il se trouvait, si ce n’était celle de son téléphone. Il se rappela l’heure qu’il avait vu dessus quelques instant plus tôt dessus et commença à regretter de déranger la pauvre Candide à une heure pareille.

- D-désolé je… je n’aurais peut-être pas dû appeler, il est tard… désolé…

Pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt ? Quel idiot il pouvait faire. Bien sûr qu’à une heure pareille il l’avait dérangé. Il ne pensait plus à ce genre de détails quand il reprenait ses esprits, comme étant dans sa petite bulle de désespoir. Le fait qu’il se mette de nouveau à y penser montrait qu’il s’en était déjà un peu sorti, ayant un peu plus les idées en place, même s’il se sentait toujours affreusement mal. Et le fait d’entendre une voix lui parler l’aidait sans doute à accélérer ce processus. Il se décida à se lever et à sortir de cette ruelle des plus glauque et regardant les environs qu’il reconnu bien rapidement. Il était à deux pas de chez lui. Tant mieux, il n’avait qu’une envie, se mettre en boule sous sa couverture et ne plus jamais en sortir. Il avançait, encore tremblant, en direction de sa maison, essayant de ne penser à rien de mauvais et en s’accrochant aux paroles prononcées à l’autre bout du téléphone. Mais il ne pouvait s’empêcher de regarder autour, se demandant s’il verrait des traces, des indices de ce qu’il avait pu provoquer. Il constata que les voitures dans la rue avaient été saccagées, les vitres brisées, les pneus crevés, les capots enfoncés… et ce n’était que les voitures…

- Je… j’ai fait pas mal de dégâts je crois…

Il tentait de s’imaginer en train de briser toutes ces voitures et pourtant, il n’y parvenait pas. Comment est-ce qu’il pouvait faire des choses pareilles ? D’où sortait toute cette rage qui semblait s’exprimer à travers ce saccage ? Arthur n’a jamais été quelqu’un de violent, il n’arrivait pas à s’imaginer commettre de telles choses, et pourtant… pourtant il savait qu’il le faisait. Il traça jusqu’à chez lui, ne voulant pas s’attarder plus longtemps sur les lieux de son propre crime, en espérant qu’il n’en ait pas commis d’autres, et en espérant aussi que personne n’allait venir lui exploser la gueule pour avoir démoli sa voiture. Peut-être qu’il n’y aurait pas de témoin, que personne ne l’aurait vu faire. Il mériterait pourtant certainement de se faire tabasser. Et il n’en voulait jamais aux personnes qui le faisaient, c’était légitime quelque part, et il avait été habitué très jeune à se faire taper dessus. Mais ce n’était pas parce qu’il trouvait ça légitime qu’il n’avait pas peur que ça arrive ou qu’il n’espérait pas que ça n’arrive pas. Même quand on le mérite, personne n’aime se faire tabasser. Arthur arriva devant la porte de chez lui. Son petit studio modeste qui lui offrait un refuge dans lequel il était en sécurité, coupé de ce monde hostile, même si ça signifiait se retrouver seul face à ses sombres pensées.

Enfin non, pas cette fois. Cette fois, il ne serait pas seul.
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Dernière édition par Arthur Smith le Ven 1 Mar - 18:09, édité 2 fois
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Candide Dagenhart

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MessageSujet: Re: Juste une main tendue | Candide   Juste une main tendue | Candide EmptyJeu 13 Déc - 12:02

Juste une main tendue
They say I did something bad then why does it feel so good most fun I've ever had and I'd do it over and over again if I could

La musique résonnait dans l’atelier. On aurait plutôt tendance à appeler cela une décharge ; les tissus jonchaient les étagères dans un désordre ambiant, au milieu des poupées et du bric à brac que Candide avait la manie de collectionner. Le sol n’était même plus visible sous les coupes et les déchets de tissus des nombreux costumes qu’elle confectionnait jour après jour, et les aiguilles de couture ne manquaient pas de poindre le bout de leur nez un peu partout. Et pourtant, Candide trouvait le moyen de se mouvoir dans ce labyrinthe, lancée dans une danse endiablée au rythme de la musique.

L’heure était au travail, et alors qu’elle tenait dans sa bouche une aiguille en essayant de placer deux tissus l’un par-dessus l’autre, elle faillit ne pas entendre la sonnerie de son téléphone. En fait, elle en perçut plutôt la vibration, vu que son antiquité de téléphone à clapet se trouvait un peu plus loin sur sa table de travail. Elle l’attrapa, voyant apparaître en toutes petites lettres le nom d’Arthur, et cracha l’aiguille qu’elle tenait dans sa bouche, aiguille qui partit rejoindre les cadavres de ses sembables sous les amas de tissus.

« Halloooo ! »

Elle eut un léger mouvement de recul en entendant la voix faible et implorante de son ami. Il était malade ? Elle s’imaginait qu’il devait simplement avoir attrapé la grippe, et qu’il voulait lui demander des médicaments. Bien sûr, c’était faux, et Candide s’en rendit très vite compte.

Il pleurait. Elle entendait les sanglots percer à travers le combiné, malgré tous les efforts d’Arthur pour se cacher. Silencieuse, Candide attendit, simplement ; elle le laissa trouver ses mots, tandis qu’elle dégageait une chaise à côté d’elle pour s’asseoir un peu plus confortablement. Arthur était une énigme pour elle ; elle l’adorait, en fait. C’était un être d’une bonté folle, ravagé par les assauts d’un autre, du moins c’était comme ça que Arthur l’appelait, à tel point qu’il ne vivait plus, enfermé dans un cycle infernal d’anxiété et de terreurs. Leur première rencontre avait été mouvementée, d’ailleurs ; Candide traversait elle-même une petite période « de folie », comme elle disait en termes étrangement positifs, ce qui signifiait qu’elle ne répondait plus de ses actes et pouvait se laisser aller à des accès de violence. Elle avait toujours envie de chasser dans ces périodes, mais pas des animaux… bien qu’elle n’avait jamais eu le moindre problème avec cette partie d’elle, précisément parce que c’était une partie d’elle. Elle l’acceptait de manière totale, un peu comme on pouvait accepter qu’un ami à soi pouvait devenir véhément et agressif lorsqu’il avait faim. C’était un peu ça pour elle ; elle ressentait un sentiment lourd dans l’estomac et dans les jambes, et devenait quelque chose d’autre, mais c’était toujours elle. Et puis elle avait chassé un poisson un peu trop gros, une nuit ; un garçon blond aux yeux dégoûlinants d’envies de violence. Forcément, les deux avaient clashés, et Candide en avait gardé un bon souvenir, au point qu’en recroisant le garçon, elle lui avait pratiquement sauté dessus pour lui faire un câlin.

Le garçon se nommait Arthur, n’avait aucun souvenir de leur rencontre, et semblait tout simplement terrifié à l’idée que Candide soit venue se venger de ses actes. Ça l’avait surprise, il fallait le dire ; de le voir si déchiré par ce qu’il était, et l’autre. Elle l’avait accepté de manière totale, lui aussi ; autant le Arthur du quotidien que la personne qu’il était durant ses crises. En fait, elle aimait bien le premier comme le deuxième, mais elle commençait à se dire qu’Arthur n’aimait ni l’un ni l’autre.

« Arthur. Respire. Tu ne me déranges même pas, j’étais en train de coudre un costume pour une commande vu que Halloween approche à grands pas… En fait je croule sous les commandes, je me demande si je vais m’en sortir d’ici là ! » Elle tapota les tissus à côté d’elle comme si Arthur était capable de les voir à travers le combiné. « Tu es où déjà ? Essaie de retrouver ton chemin, déjà, tu seras moins confus. Quand on sait pas où on va c’est toujours mieux de déjà savoir où on est ! » Hypocrisie quand on savait sa tendance à se perdre dans des mondes improbables, mais bien sûr, Candide ne pouvait pas s’en rendre compte. Elle entendit les mouvements d’Arthur, un grognement, des frottements, puis des pas à peine perceptibles. « Voilà ! Tu es debout, ça veut dire que tu es entier. Tu arrives à reconnaître le coin ? Est-ce qu’il y a des corps autour de toi ? » Parfois, Candide n’avait aucune barrière, ni aucun filtre. Pourtant, la question lui paraissait totalement légitime, même si Arthur ne semblait pas l’avoir entendue. « Des dégâts ? Tu sais le genre de dégâts que j’ai fais moi ? J’ai passé la soirée sur une robe de princesse et je l’ai ruinée en renversant un coca dessus ! Ça va me prendre des heures pour tout réparer ! » Arthur semblait concentré sur son environnement, et Candide se contenta d’ajouter : « écoute, je raccroche et je te rejoins d’accord ? Tu es chez toi bientôt ? Parfait, je te rejoins là-bas ! »

Elle n’allait pas dire non à une soirée film entre amis !

Candide se leva d’un coup, attrapant son ciré jaune fétiche et probablement la seule source de couleur de sa garde-robe en dehors du rouge et de son peignoire blanc-crème. Elle glissa son téléphone dans sa poche, et sortit dans la rue, où une pluie fine se mit à tomber à peine quelques secondes après qu’elle soit sortie. Grommelant, elle lança son capuchon sur sa tête, capuchon qui lui couvrit aussitôt la moitié du visage. Quelques minutes plus tard et elle se tenait dans la rue, constatant les dégâts.

« Wow. » Des voitures massacrées. Des bouts de verre partout, des portes éventrées, des capots défoncés. « C’est tout ? » Candide eut une pensée amusée en s’imaginant dans un de ces moments de « folie » ; bizarrement, elle aurait bien voulu participer aux festivités. À la place, elle sortit de sa poche son petit flacon remplit de pilules rouges, et en avala une comme on avale un tic-tac. Puis, elle s’approcha de deux silhouettes visiblement énervées un peu plus loin, un air parfaitement enfantin sur le visage. « Bonjour ! » Les deux silhouettes se retournèrent, les sourcils froncés. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? » Candide prit un air faussement surpris. « Un malade est venu taper sur les voitures avec une batte de baseball, et ce gros malin a pété les lampadaires avec. J’ai pas pu voir son visage. On va appeler les flics là... » Candide écarquilla les yeux d’une manière soudain étrange, et la tension sembla monter dans l’atmosphère. « Je vous le déconseille... » Les deux individus prirent une position soudain défensive, méfiants. « Pourquoi ? Vous y êtes pour quelque chose ? » « Non… Mais vous n’avez jamais entendu parler du fantôme de Bourg-le-Conte ? » Le silence se fit pesant dans la rue pourtant tranquille. Certains lampadaires encore fonctionnels se mirent soudain à vaciller, poussant l’atmosphère un peu plus loin dans le glauque et accomplissant une merveilleuse coincidence. « Oui… le fantôme de Bourg-le-Conte. On dit qu’un homme s’est fait tabassé par une bande de type… Il s’est retrouvé au milieu de cette rue-même, à se vider de son sang, et les gens continuaient tout droit, sans lui prêter attention, alors qu’il appelait à l’aide d’une voix faible... » Elle se racla la gorge, puis prit l’expression d’une personne en détresse, tendant les bras vers les deux inconnus qui eurent un mouvement de recul. « À l’aide, à l’aiiiiide... » Elle reprit son sérieux. « Et il est mort comme ça. Depuis, il se venge sur les bagnoles des gens et les lampadaires, mais personne sait pourquoi. »

Elle leur fit un grand sourire, puis continua sa route, tandis que l’un des deux secouait la tête et sortait son téléphone.

En quelques pas, Candide se retrouva près de chez Arthur, et toqua une fois sur la porte pour manifester sa présence, avant de lancer d’une voix douce : « Arthur ? Tu es là ? »

Ouch. Il était assis sur son canapé, le visage complètement caché par ses mèches blondes sauvages, et Candide avait pratiquement l’impression de le voir diffuser une ombre particulièrement opressante autour de lui, mais peut-être n’était-ce que les effets de sa pilule rouge. Les hallucinations n’étaient pas à proscrire, mais la lumière déjà quasiment absente de la pièce avait quasiment l’air d’avoir du mal à se rapprocher d’Arthur, comme s’il était un répulsif vivant. Candide réfléchit quelques secondes, puis enleva son ciré et entra dans la cuisine pour attraper deux canettes de soda dans le frigo, un fanta et un coca. Elle revint dans le salon, et alluma l’interrupteur, inondant la pièce de lumière et faisant disparaître l’ombre qu’elle avait l’impression de voir ; dommage, ça lui donnait un style. Puis elle tapa dans ses mains, s’approchant d’un Arthur bien confus de ce qu’il se passait.

« Hop hop hop ! On se réveille ! C’est pas l’heure de la sieste ! » Techniquement, elle avait raison, passé une heure du matin n’était pas l’heure pour une sieste. Elle prit place à côté d’Arthur et lui tendit la canette de fanta. « Aller, raconte-moi tout. » Elle lui laissa le temps de réagir à sa présence, bien qu’elle eut aussitôt une idée. « Attends attends ! » Elle fit le tour de la pièce et réunit toutes les couvertures et tous les coussins qu’elle trouva, jetant le tout dans un tas informe sur l’espace le plus disponible de la pièce, et se vautra dedans comme un chat à la recherche d’un coin de repos, et tapota un coussin à côté d’elle, bien trop enthousiaste dans les circonstances. « Viens t’asseoir là ! Je n’ai jamais compris pourquoi mais c’est fou comme s’asseoir par terre peut-être thérapeutique. Ou dans une boîte aussi ! J’ai un carton géant à la maison, avec plein de déchets de tissus pour mes costumes, et des fois j’aime bien me recroqueviller à l’intérieur. C’est pas le top confort d’un matelas mais je sais pas, ça me fait un bien fou ! » Elle eut un petit sourire, mais Arthur gardait une mine renfrognée. Elle se souvint de la tendance d’Arthur à paniquer à l’idée de faire face aux conséquences de ses actes, et choisit la carte de la franchise, comme à son habitude. « J’ai croisé deux types dehors, ils vont peut-être appeler les flics, mais apparemment personne n’a vu ton visage. Casser les lampadaires était une bonne stratégie je dois dire… » Elle tapa à nouveau sur les coussins. « Aller ! Viens t’asseoir ici. Ou te coucher ! Je te jure que ça fait du bien ! »

Elle attendit, un air enfantin gravé sur son visage de poupée.


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Arthur Smith

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MessageSujet: Re: Juste une main tendue | Candide   Juste une main tendue | Candide EmptyVen 14 Déc - 21:13


Juste une main tendue

Candide était une fille étrange. Au-delà du fait qu’ils avaient en commun un trouble de la personnalité bien particulier, elle avait la faculté de toujours prendre les choses bien, ce qui avait toujours étonné Arthur. Alors que de son côté il était terrifié à l’idée de perdre le contrôle, elle, elle vivait très bien son côté violent qui pouvait parfois prendre le dessus, même si les choses étaient un peu différentes dans son cas. Jamais rien ne semblait l’inquiéter, que ce soit sur ce sujet, ou autre chose. Elle semblait tout simplement ne pas se soucier des conséquences. En cela ils étaient très différents. Lui ne faisait qu’avoir peur. En permanence. Peur de ce qu’il avait pu faire, peur de ce qu’il pourrait encore faire, peur que la fois suivante soit pire que toutes les précédentes. En cela, la façon de penser de Candide l’intriguait beaucoup, et c’était sans doute ce qui l’avait poussé à l’appeler elle, au-delà du fait que de toute façon il n’avait personne d’autre. Sa manière de parler avec légèreté au téléphone de la situation lui donnait l’impression que finalement, il n’y avait rien de grave, même si ce n’était qu’une impression et qu’il le savait parfaitement. Contrairement à elle, il savait que ce qu’il faisait était grave, que c’était mal. Mais il avait besoin de ça. Besoin de quelqu’un qui lui dise quoi faire, qui le prenne par la main en quelque sorte et qu’il lui dise « ça va aller t’inquiète pas ». Que quelqu’un lui dise des choses positives pour une fois. Entendre autre chose que cette voix dans sa tête qui le rabaissait ou qui lui disait de faire des choses profondément malhonnêtes. Arthur écoutait ses commentaires sur sa couture, suivait ses conseils, et c’était sans doute l’ambiance détente qu’elle instaurait dans la conversation qui l’avait aidé à reprendre le chemin de sa maison.

Une fois devant sa porte, il fût surpris de l’entendre dire qu’elle allait le rejoindre, alors qu’elle avait visiblement beaucoup de travail. Il était à la fois gêné de la déranger autant, mais soulagé de savoir qu’il ne serait pas tout seul. Il avait envie de s’excuser et de la remercier à la fois, ne sachant pas vraiment par lequel des deux commencer.

- Ou-oui je suis devant chez moi mais...

Pas le temps de finir qu’elle avait déjà raccroché après avoir confirmé sa venue, le laissant seul dans le silence de la rue. Il ouvrit sa porte qui, sans surprise, n’était pas fermée à clef. L’autre ne prenait pas la peine de fermer. Il pénétra dans sa maison et découvrit un salon dans un capharnaüm sans nom. Arthur n’avait jamais été le plus ordonné du monde, bien au contraire, il était du genre à laisser traîner ses affaires par terre sans s’en soucier plus que ça. Mais le bazar environnant n’était pas juste dû à son manque de motivation pour le rangement. Il y avait du verre brisé au sol par endroits, sa chaise était renversée, sa table pareille, des objets avaient volé à l’opposé de là où ils étaient. Arthur avait l’habitude de retrouver son habitat comme ça en rentrant après une crise. Il devait sans doute apprécier s’échauffer avant de sortir et de faire la même chose en ville, ou alors il avait juste envie de tout casser dès son réveil. Mais son regard fût attiré par une petite cage renversée par terre, et il s’y précipita, ressentant un nouveau pic de panique naître en lui. Il prit la cage doucement et chercha rapidement le petit hamster qui se trouvait à l’intérieur. Il trouva bien vite la boule de poil qui se mit à témoigner de son mécontentement à son égard par des petits couinements, au grand soulagement d’Arthur. Il ne semblait pas être blessé, et le fait qu’il piaille avec autant d’ardeur le lui confirmait.

- Désolé Galahad…

La cage avait dû se renverser lorsque l’autre avait décidé de mettre son salon sens dessus-dessous. Il reposa la cage délicatement à sa place et donna une petite friandise à son ami poilu pour se faire pardonner, offrande qu’il accepta volontiers puisqu’il se mit à la grignoter immédiatement. Arthur le regarda faire un moment… il aurait pu le blesser lui aussi. Il ne se le serait jamais pardonné s’il l’avait fait… Il ne savait plus trop quoi faire par rapport à son petit compagnon. Il ne voulait pas l’abandonner. Mais peut-être valait-il mieux qu’il lui trouve un nouveau propriétaire. Quelqu’un qui s’occuperait bien de lui. Quelqu’un qui ne le blesserait pas. Il aurait sans doute déjà dû le faire. Mais il n’arrivait pas à se séparer de lui. Arthur était un sentimental et il s’était vraiment attaché à son hamster qu’il avait depuis si longtemps. Il ne pouvait pas imaginer rentrer chez lui et qu’il ne soit pas là. Et pourtant, ce serait mieux pour son ami poilu de trouver un autre propriétaire.

Arthur lui fit une petite caresse sur le haut de la tête avant de se diriger vers le canapé et de s’y asseoir. Il remonta ses jambes contre lui et les encercla de ses bras. Il se détestait. Il détestait cette autre part de lui qui remontait à la surface et qui détruisait tout. Pourquoi il était comme ça ? Il n’avait jamais demandé une chose pareille. Il voulait juste être quelqu’un de normal, qui était lui à 100 % et qui ne perdait pas les pédales d’un coup. Cette autre personnalité lui pourrissait la vie. C’était quand la dernière fois qu’il s’était senti détendu ? Il ne se souvenait plus. Il dormait de moins en moins, ayant même peur que l’autre prenne le contrôle pendant son sommeil. Il avait peur. Tout le temps. Il n’en pouvait plus. Il ne demandait pas à être pardonné pour tout ce qu’il faisait. Il voulait juste une chose, que ça s’arrête. Pitié, faites que ça s’arrête.

Il n’entendit même pas Candide entrer chez lui, aspiré par ses sombres pensées, aussi sombres que son salon. Il n’avait même pas prit la peine d’allumer la lumière. Comme si l’obscurité pouvait au moins avoir le mérite de le cacher. Même s’il n’y avait personne pour le voir de toute façon, du moins avant que Candide n’arrive et le ramène à la réalité, avec son énergie et sa bonne humeur habituelle. Arthur releva la tête et la vit, le sourire aux lèvres et deux canettes dans les mains, comme si elle était venue à une simple soirée entre amis, comme si de rien n’était. Comment faisait-elle ? Arthur ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Il avait à peine eu le temps de réagir, et à peine avait-il ouvert la bouche pour initier une phrase, ne serait-ce que pour lui demander quand elle était arrivée qu’il se retrouvait sans trop savoir comment avec une canette de fanta à la main pendant qu’elle prenait les coussins et les couvertures qui traînaient pour les rassembler, sans trop savoir où elle voulait en venir, ni sans savoir quoi dire. Il fallait dire qu’elle enchaînait, c’était difficile d’en placer une avec elle. Une fois qu’elle eu terminé son manège, elle l’invita à prendre place à ses côtés. Arthur hésitait… il la regardait, comme ayant du mal à croire qu’elle soit finalement réellement venue pour lui remonter le moral, surtout qu’elle avait l’air d’avoir un millier de choses à faire. Il se mit à culpabiliser de l’avoir fait venir pour son problème sans avoir pensé qu’elle était déjà occupée à autre chose.

- Candide tu sais tu n’étais pas obligée de venir…

Il disait ça mais il était content qu’elle soit là. Et tout d’un coup il eu peur que sa phrase soit mal interprété et qu’elle pense qu’il disait ça parce qu’il ne voulait pas la voir. Arthur pouvait être maladroit parfois, même souvent, surtout quand il était dans un mauvais état d’esprit. Il s’empressa de rectifier le tir.

- Enfin… c’est pas que je ne veux pas te voir… pas du tout… mais… tu avais l’air occupée alors…

Il essuya des restes de larmes qui persistaient sous ses yeux. Elle avait fait l’effort de venir alors il devait essayer de faire l’effort de ne pas chialer comme s’il avait six ans. Mais il était comme ça malheureusement. Il avait conscient de ne pas être très fort, et d’avoir la larme facile quand il allait mal ou qu’il avait peur. Si seulement il était un peu plus fort… peut-être que tout se passerait beaucoup mieux. Mais déjà il avait une amie avec lui, et même si ça ne le rendait pas plus fort, ça lui donnait envie de faire un effort pour de pas paraître aussi nul qu’il ne l’était, c’était déjà ça non ?

- Merci…

Il la regarda depuis son canapé, hésitant à venir s’asseoir à côté d’elle. Il se leva et fit quelques pas pour la rejoindre quand il fût coupé net dans son élan en apprenant que la police allait être prévenue de ce qui était arrivé ici. La police. Tout d’un coup, il avait la sensation que sa situation venait d’empirer. Bien sûr, il savait qu’il commettait des crimes. Sans doute des sérieux. Il avait déjà dû agresser des gens. Il savait parfaitement tout ça. Mais maintenant, la police…La police allait le chercher. Elle allait le trouver. Et il allait finit en prison. De nouveau, la panique remonta à la puissance maximale dans son trouillomètre, il se remit à trembler et les larmes qui avaient à peine eu le temps de disparaître repointèrent le bout de leur nez, même si ce n’était plus des larmes de désespoir, mais de panique pure.

- La… La police ? Tu es sûre ? Ils vont venir ?

Ca y est il était fichu. Il prit sa tête dans ses mains, abandonnant le fanta sur le sol. Il ne voulait pas aller en prison. Il n’avait jamais voulu commettre des crimes. Il voulait être un citoyen honnête et normal et pas un criminel. Pourquoi il avait fallu que ça lui arrive à la fin ? Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ? Il n’avait rien demandé et voilà qu’il avait gagné un allé simple pour la cellule.

- Je veux pas aller en prison…

Il se laissa presque tomber sur les coussins de Candide, qui ne lui faisaient pas plus de bien que ça, contrairement à ce qu’elle pouvait avoir prétendu. Ceci dit, la nouvelle l’avait trop chamboulé pour qu’il profite pleinement du petit havre de sérénité qu’elle avait construit, les scénarios catastrophes de lui en prison défilants dans sa tête. Même si ces derniers temps, la vie était loin d’être rose pour lui, il avait tout de même des petits plaisirs, ne serait-ce que dans son travail où il pouvait bricoler tout en reposant un peu son cerveau par rapport à ce qui lui arrivait. Et ça, ce serait finit. Il passerait le restant de sa vie enfermé dans une cellule. Oui, dans la tête d’Arthur, ce serait tout de suite la prison à perpétuité, c’était le problème du pessimisme. D’un autre côté… il se mit à penser qu’après tout… c’était ce qu’il méritait. Même s’il n’avait jamais voulu faire de mal, il l’avait fait. Sa place était là où était celle d’un criminel. Et finalement, les barreaux, il ne risquerait de blesser personne… Cette solution, aussi effrayante soit-elle, était peut-être la meilleure pour mettre tout le monde à l’abri de ce qu’il pouvait être. Tout le monde sauf lui mais c’était peut-être… mieux ainsi.

- Tu… tu crois que je devrais me rendre… ? Au moins je ne ferai plus de mal à personne…

Arthur était dans un de ses moments de déprime intense de toute façon. La police ne frappait pas encore à sa porte qu’il était déjà en train d’essayer de se résigner. Il ne voulait pas y aller. C’était clair et net. Personne ne voulait aller en prison. Une petite part de lui disait qu’il ne méritait pas ça. Qu’il n’était pas vraiment méchant. Qu’il n’avait pas voulu tout ça. Mais cette petite part se faisait entièrement écrasée par la charge de culpabilité qui grossissait un peu plus chaque jour et qui l’étouffait. Après avoir passé tout ce temps à avoir peur, à essayer de garder le contrôle sans succès, à laisser ses victimes se venger, peut-être était-il finalement temps… d’abandonner.

- Tu pourras prendre soin de Galahad pour moi… ?
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MessageSujet: Re: Juste une main tendue | Candide   Juste une main tendue | Candide EmptyJeu 27 Déc - 16:13

Juste une main tendue
They say I did something bad then why does it feel so good most fun I've ever had and I'd do it over and over again if I could

Quelque part, Candide n’avait qu’admiration pour cette façon qu’avait Arthur de tant s’inquiéter de ce que pensait autrui. Certes, il faisait presque un peu pitié parfois à se ratatiner et paniquer sans cesse dès qu’on lui adressait la parole de peur que c’était pour des reproches, mais au fond, Arthur était le genre de personne qui pouvait facilement se faire aimer de tout le monde, du moins s’il n’y avait pas « l’autre ». Il lui avait bien confié que ce n’était pas le cas dans son enfance, qu’il était plutôt victime facile, ce qui avait fait réfléchir Candide sur sa propre enfance et lui avait rappelé qu’à l’époque elle était plutôt une enfant terrible avec un sale caractère mais que les gens laissait tranquille de peur de s’en prendre plein la face. Mais désormais, à l’âge adulte, s’il n’avait pas tant peur de tout et tout le monde, Arthur avait le potentiel d’être le genre de personne qui faisait ressortir le meilleur des autres. C’était peut-être ironique qu’il soit « possédé » par un « autre » si violent et destructeur, tant il respirait la gentillesse et la générosité. C’était le genre de personne qui faisait sourire, non pas pour se moquer comme il semblait le penser, mais avec gentillesse et sincérité, il était le rappel que l’humanité n’était pas qu’un fouilli de monstres qui eux le cachait si bien. C’était un peu pour cela aussi que Candide n’avait aucun problème avec « l’autre » ; pour elle, tout le monde avait un potentiel de profonde bonté et de profonde monstruosité en eux, personne n’était tout blanc ou tout noir, et ce n’était qu’une partie de la vie et pas un combat incessant comme tout le monde semblait le penser. Les gens réprimaient au plus profond d’eux-même leurs pulsions « négatives », en s’efforçant d’afficher qu’une façade de bonté alors que ce n’était qu’hypocrisie, alors que pour Candide ces pulsions étaient « naturelles ». « L’autre » n’était qu’une facette d’Arthur, une facette qui avait trouvé sa propre volonté certes, mais si Arthur parvenait un jour à l’accepter, puis à la maîtriser, elle croyait en lui pour comprendre que s’il lâchait cette terreur et ce terrible sentiment d’impuissance, il pouvait être entier et en total contrôle de lui-même et de « l’autre ».

« Ta bestiole a pas encore claqué ? »

Candide exprima une grimace de dédain à l’égard de Galahad. Ce petit « rat » qu’elle n’appréciait guère. Elle avait un vrai problème avec les petites bestioles de ce genre, ne comprenant pas en quoi on pouvait bien les trouver mignons. Un peu comme les chiens aussi, ces bêbêtes que les gens n’appréciaient que parce qu’ils étaient entièrement soumis aux moindres ordres de leurs propriétaires, et ne faisait qu’apporter à leur humain un soulagement à leurs envies de domination sur un autre, ne serait-ce que pour un pauvre animal. Non, elle n’était pas dégoûtée des chiens en fait ; elle avait pitié d’eux. Les chats au moins, ils savaient ce qu’ils voulaient. Ils vivaient pour eux-mêmes. N’avaient besoin des humains que s’ils le souhaitaient. Les liens que l’on pouvait créer avec un chat étaient bien plus profonds et véritables qu’avec des bestioles minuscules ou des cabots qui mettaient des poils partout dans la maison.

« Même si tu n’avais pas envie de me voir je serais venue quand même ! »

Candide avait décoché à un sourire narquois à la remarque d’Arthur, ne comprenant pas pourquoi il se sentait si obligé de tout justifier et se descendre tout en mettant la personne d’en face sur un piédestal. En fait, leurs personnalités étaient loin d’être compatibles malgré leurs points communs. Candide se disait que s’ils s’étaient connus plus jeunes, juste avant l’adolescence peut-être, ils n’auraient pas été amis. À l’époque, Candide n’avait aucune patience pour les gens comme Arthur, si sensibles et apeurés de tout ; elle ne l’aurait probablement pas tourmenté, mais bousculé, c’était certain. À l’heure actuelle, c’était différent, elle avait plus envie de le secouer et de lui faire des câlins tant il avait l’air adorable à être si sensible sur tous les sujets.

Elle fit cependant une grimace impatiente quand Arthur se mit à paniquer à propos de la police. Le problème de leur personnalité respective était que Candide avait tendance à dire les choses tel quel, alors qu’Arthur avait plutôt l’air du genre à être le genre de personne avec qui prendre des pincettes. Ou des détours. Pas pour ne pas le vexer, mais juste pour lui éviter une crise cardiaque dans un futur proche.

« Du caaaaaaaaaaaaaaaaaaaalme Arthur ! » Elle eut un léger sursaut quand il se laissa littéralement tomber sur les coussins. « En vrai c’est plutôt étonnant que tu n’y sois pas déjà, mon petit loup. » Elle décocha un regard meurtrier en direction de Galahad qui s’approchait un peu trop d’elle, et la bestiole fit demi tour pour venir grimper sur Arthur. « Non, non non non. Personne ne se rend. T’as pété des bagnoles et des lampadaires. Ils vont s’en remettre, t’en fais pas pour ça ! » Elle tapa dans ses mains, pour bien affirmer ses paroles, comme si cela allait aider à les encrer dans l’esprit d’Arthur. Ça y est, voilà qu’il partait en drama queen, lui demandant de s’occuper de Galahad comme s’il allait passer à l’échafaud. « Ah non, ta bestiole je la donne aux chats si tu vas en prison ! » Quelque part, la menace n’en était pas une ; c’était une manière détournée de rappeler à Arthur qu’il n’avait pas à aller en prison, car même s’il n’y croyait pas, quelque chose avait besoin de lui. Galahad avait besoin de lui. « Alors. Non. Tu n’iras pas en prison. De toute façon, je te l’ai dis, ils n’ont pas vu ton visage ; je n’aurai qu’à dire que j’étais avec toi depuis le début de la soirée et qu’on n’est pas sorti de cet appart. Ça passera comme une lettre à la poste ! C’est pas les trois agents de ce village perdu où il ne se passe jamais rien qui vont venir t’embêter. Rassuré ? »

Elle pencha la tête de côté en lui souriant, comme si le problème était réglé, comme s’il n’avait plus aucune raison de s’inquiéter. Puis, elle se leva et attrapa son fanta, le posant en équilibre sur un coussin à côté d’Arthur, avant de reprendre place sur sa forteresse toute douce. D’un geste rapide, elle but quelques gorgées de son coca, avant de se coucher à côté d’Arthur, les yeux rivés au plafond et une main calée derrière sa tête, comme si tout ceci n’était qu’une soirée entre deux potes, comme si tout allait bien. Parce que pour Candide, tout allait diablement bien.

Les effets de sa pilule rouge se firent alors sentir, et elle eut soudain l’impression de se retrouver projetée dans les airs, sentant le vide en dessous d’elle sans pour autant paniquer. Ses yeux se mirent à tanguer et un sourire béat s’installa sur son visage, avant que le pire n’intervienne. Enfin, le pire, pour n’importe qui d’autre. Pour Candide c’était juste… une « autre réalité ». Les murs se firent spongieux, et peu à peu, du sang se mit à couler depuis le plafond. Elle tourna les yeux vers Galahad, petit « rat » qui avait maintenant des allures de créature maléfique avec de grandes dents menaçantes et des yeux rouges montés sur un corps à moitié squelette, ce qui la fit éclater de rire. Autour d’Arthur s’étalait une ombre d’une noirceur profonde, qui n’avait pas de forme mais qui semblait exprimer chez lui toute l’anxiété qu’il ressentait ; en fait, cela ressemblait à une silhouette qui l’écrasait de tout son poids. Elle savait qu’elle ne pouvait jamais toucher ces apparitions étranges, mais elle ne pouvait s’empêcher de tendre la main pour tenter le coup, et sa main ne faisait que traverser une espèce de fumée fantômatique noire, qui ne se dissipa même pas sous son impulsion. Son psychologue ne cessait de lui rappeler que ces hallucinations n’étaient que des effets secondaires de son traitement, rien de réel, car le traitement était lourd pour pouvoir repousser son « autre » à elle ; mais la vérité était que Candide ne voulait pas repousser son « autre », elle l’avait entièrement accepté comme une partie d’elle qui avait besoin de s’exprimer de temps en temps. Si elle prenait ses médicaments, de manière totalement irrégulière et spontanée d’ailleurs, c’était parce que ça l’amusait de voir cette « autre réalité », de voir ces drôles de créatures qui apparaissaient soudainement, sans se dire une seconde qu’elles n’existaient pas. Après tout, qui pouvait juger de ce qui constituait une existence ? Comme disait la bonne vieille expression : si un arbre tombe dans une forêt, mais que personne est là pour l’entendre, ce son existe-t-il vraiment ? Si on en croit cette expression, le simple fait de pouvoir percevoir quelque chose fait que ce que l’on perçoit existe, même si personne d’autre n’en est capable, non ?

« T’es vraiment un gros anxieux, mon pauvre Arthur. » Il n’y avait aucune moquerie, aucune superiorité dans sa voix ; c’était un état de fait, quelque part. Peu à peu, les premiers effets très violents de la duotine se dissipèrent, pour ne laisser qu’une légère impression de légèreté derrière eux. L’apparition se dissipa, Galahad reprit une apparition plus ou moins ordinaire, et les murs ne firent plus que refléter un peu de rouge au lieu d’être couverts de sang. « Franchement, qu’est-ce qu’il se passerait si tu lâchais prise ? » Elle réfléchit quelques secondes, puis se souvint qu’elle n’avait d’ordinaire pas tendance à réfléchir avant de parler. « Que tu paniques ou non, l’Autre va se pointer. Que tu te confondes en excuses ou non, l’Autre va venir te tourmenter. Alors, pourquoi te faire tant de bile pour ça ? Si tu tiens tellement à expier tes fautes, tu peux toujours te lancer dans du bénévolat. Je ne sais pas ce que tu penses de la « rédemption », et si faire suffisamment de bien excuse le mal que l’on fait, mais je me dis que ça pourrait faire du bien à ta conscience. » Elle tendit le doigt vers Galahad, qui se ratatina, la faisant sourire d’un air peut-être un peu trop sournois pour être rassurant. « Franchement, je ne te comprends pas parfois. Tu me donnes des envies folles de te faire les plus gros câlins du monde tellement tu as l’air triste. Alors que tu as tellement de choses pour toi ! Tu serais tellement le type génial sur lequel tout le monde peut compter. Enfin, si l’Autre venait pas mettre le bordel. Tu as déjà essayé d’expliquer aux gens ce qu’il se passe dans ces moments-là ? »

Ce n’était pas un argument auquel Candide croyait réellement ; elle n’avait jamais personnellement cherché à se justifier ou à s’expliquer, préférant largement juste être elle-même et laisser les gens bavarder si ça leur faisait plaisir. Parfois (souvent) ses gamineries ressortaient et elle pouvait faire de belles crasses aux gens qui la cherchait trop, sans pour autant que son autre personnalité en soi responsable ; une preuve de plus qu’au final tout n’était que nature, et que le combat éternel entre ce qui est « bien » et « moral » n’était qu’une construction d’une société psychorigide, mais c’était peut-être la duotine qui pensait à sa place parfois. Pour elle, il n’y avait pas de « bien » et de « mal », juste de l’innocence, et ces concepts n’avaient rien à voir avec la dichotomie qu’elle voyait habituellement. Cependant, elle se disait que cela pouvait parler à Arthur. Candide n’était pas quelqu’un qui pensait être spécialement empathique, juste équilibrée et sensée (enfin, cela dépendait du point de vue), mais elle savait aussi à quel point Arthur était sensible. Il se posait tant en victime, se sentait coupable pour les pires méfaits possibles même quand il n’était aucunement responsable, et était tant persuadé d’être un être de la pire espèce. Elle resta silencieuse quelques secondes de plus.

« Franchement, Arthur, ça t’arrive d’ouvrir les journaux ? Tu as tellement l’air de croire que tu es un monstre de la pire espèce, alors que tu es un des types les plus gentils et ouverts que je connaisse. La preuve, les gens ont tendance à me fuir, et toi tu m’appelles dans un de tes pires moments ! Il y a tellement de gens sur cette planète qui n’ont pas besoin d’un « autre » pour commettre les pires atrocités. Et ils le font dans le plus grand des calmes. Ils ne s’affligent pas de leurs torts, ils s’en fichent et recommenceraient à tout moment. Et toi tu te fais un mourron parce que tu as bousculé quelqu’un une fois sans faire exprès en marchant trop vite dans un magasin. »

Elle le fixa quelques instants, une expression de simple curiosité sur le visage.


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MessageSujet: Re: Juste une main tendue | Candide   Juste une main tendue | Candide EmptySam 26 Jan - 15:09


Juste une main tendue

Oui, bon, d’accord, Arthur avait peut-être légèrement tendance à exagérer, Candide avait raison, il n’y avait pas mort d’homme cette fois. Il avait juste fait un peu de casse, du moins à sa connaissance. Rien d’irréparable. Mais il avait du mal à relativiser comme le faisait si bien Candide. Pour lui, il voyait direct les choses comme d’abominables catastrophes, alors qu’elle prenait tout d’une façon si légère. A ce niveau-là ils étaient aux deux extrêmes, ce qui permettait peut-être d’avoir un certain équilibre dans leur duo plus qu’improbable. Il essaya de se calmer, aidé par l’air léger que pouvait aborder son amie comme si elle lui disait que c’était pas grave s’il avait commandé la mauvaise pizza. Elle avait sûrement raison, il n’allait pas finir en prison. Du moins pas pour cette fois. Même si des fois il se disait que c’était peut-être sa place, il ne voulait pas y aller. Personne ne veut aller en prison. Est-ce qu’il était rassuré pour autant ? Juste un tout petit peu. Après tout, peut-être que Candide se trompait, que la police allait retrouver la batte de baseball, qu’ils allaient trouver ses empruntes dessus et voilà, c’était fini. Oui Arthur regardait beaucoup de série policière et en oubliait parfois que la réalité pouvait être un peu différente. Et puis il ne voulait pas que Candide mente aux forces de l’ordre, parce que s’ils découvraient la supercherie, elle aurait de gros ennuis. Déjà qu’il avait trouvé une amie, il ne voulait pas qu’à cause de lui elle se retrouve derrière les barreaux, surtout qu’elle était déjà assez douée pour s’attirer des ennuis toute seule sans qu’il n’ait besoin d’intervenir, alors il n’allait pas en rajouter une couche. Et puis par principe, elle se souciait de lui, elle le soutenait, elle répondait présente dans ses pires moments… c’était son amie quoi, et Arthur ne voulait pas qu’elle puisse avoir des problèmes par sa faute. Mais bon, peut-être que les flics ne viendraient jamais poser la question, peut-être qu’il ne se passera rien, peut-être que tout ira bien… du moins pour ça. Quand elle lui demanda s’il était rassuré, il ne répondit pas immédiatement, réfléchissant quelques secondes avant de répondre. Il était peut-être un tout petit peu plus rassuré oui. Au moins sur ce point.

- Un peu oui… mais je t’interdis de donner Galahad aux chats… tu vas lui faire faire des cauchemars en plus à dire ça…

Il caressa un peu la boule de poils qui était venu se percher sur son épaule tandis que Candide allait ramasser la canette de Fanta. Pauvre petit hamster, il avait vraiment une petite bouille adorable. Arthur s’était souvent demandé comment Candide faisait pour lui résister alors qu’il était trognon. Le mécanicien avait tendance à gagatiser un peu sur son petit compagnon, c’est pourquoi il s’inquiétait autant pour lui. Il avait peur qu’il soit blessé dans une de ses crises, et cette peur était justifiée vu dans quel état il retrouvait parfois sa maison et la cage de Galahad. Il devait en voir des vertes et des pas mûres dans cette maison, si bien qu’Arthur pensait que le rongeur finirait par avoir peur de lui. Mais non, il était là, perché sur son épaule, sans la moindre attitude craintive à son égard. C’était une petite boule de poil exceptionnelle et un véritable ami dont Arthur ne voulait pas se séparer. Il ouvrit sa canette de Fanta et bu lentement une petite gorgée avant de regarder vers Candide qui semblait un peu ailleurs…

- Candide… ?

Il l’avait déjà vu avec cet air-là à de nombreuses reprises. Elle prenait des médicaments aux effets bizarres. Arthur n’avait pas comprit pourquoi elle les prenait au départ, apparemment c’était censé empêcher son autre personnalité de prendre le dessus, mais contrairement à lui, elle n’avait aucun problème par rapport à son côté violent qui pouvait ressortir, le considérant comme naturel. Il avait finit par comprendre que c’était juste les effets secondaires de ses pilules qui la faisaient kiffer, même si à son avis, vu l’état bizarre dans lequel il la voyait parfois, ce n’était sans doute pas très bon pour sa santé. Il avait déjà tenté de la mettre en garde et de lui dire que si sa deuxième personnalité lui convenait vraiment, alors elle n’avait pas à prendre ces médicaments. Ou alors elle devait les prendre mais en respectant ce que le médecin lui disait. Là elle les prenait de façon aléatoire, un peu selon ses humeurs et c’était sans doute la pire chose à faire.

- Tu as encore prit tes pilules… ? Tu devrais faire plus attention…

Elle ne semblait pas vraiment l’écouter, regardant vaguement dans sa direction et essayant d’attraper quelque chose d’inexistant. Arthur savait que ça finirait bien vite par lui passer, comme à chaque fois mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Peut-être qu’un jour elle ferait un gros bad trip et qu’il devrait l’emmener à l’hôpital. Peut-être qu’elle était en train d’en faire un là-maintenant. Il n’avait aucune idée de combien de pilules elle avait prise avant de venir, peut-être tout un paquet. Elle était tellement insouciante qu’elle en serait capable en se disant juste que ça va être drôle alors que ça pourrait tout simplement la tuer. Et il n’y avait absolument rien de drôle là-dedans. Voyant que son état ne changeait pas alors que les secondes défilaient (oui, pour Arthur, des secondes ça pouvait être beaucoup, il paniquait très vite), il posa sa canette et commença à la secouer un peu de son bras métallique, se disant une fois de plus qu’il devrait se renseigner sur les gestes à adopter quand quelqu’un a abusé de médicaments, en sortant son téléphone de son autre main tremblante, prêt à appeler les secours.

- Candide tu m’entends… ? Tu es avec moi ?

L’inquiétude se faisait entendre dans sa voix tandis qu’il composait le numéro des urgences, mais elle lui répondit juste avant qu’il n’appuie sur le bouton d’appel, le traitant de gros anxieux. Il laissa échapper un soupir de soulagement devant ce signe de conscience de sa part. Oui il paniquait vite, oui elle lui avait déjà fait ce coup-là un paquet de fois et oui il flippait à chaque fois, c’était plus fort que lui. L’anxiété était une seconde nature chez lui, et la peur une amie beaucoup trop récurrente. Il s’inquiétait de ce qui allait lui arriver, de ce qu’il ferait la prochaine fois qu’il ferait une crise, pour les autres qui auraient le malheur de croiser son chemin lorsqu’il n’était pas maître de lui-même, de la prochaine fois que quelqu’un voudra lui rendre la monnaie de sa pièce pour des choses qu’il aurait faites sans même s’en souvenir, et maintenant il rajoutait à sa longue liste de choses inquiétantes les moments où Candide abusait de son traitement et faisait n’importe quoi avec, sans parler de toutes ces fois où son caractère lui attirait des ennuis pas possibles. Il avait l’impression d’être entouré de sources de stress. Un jour il allait faire une crise cardiaque, restait à savoir ce qui allait l‘achever en premier.

- Je serais peut-être moins anxieux si tu faisais attention avec tes pilules…

Ou du moins ça lui ferait un truc en moins sur lequel il devrait s’inquiéter. Mais bon, c’était Candide, et quand elle décidait quelque chose, rien ni personne ne pouvait la faire changer d’avis. Et s’il était incapable de la convaincre de faire attention à sa santé, au moins il pouvait la surveiller et tenter de limiter la casse. Mais il savait bien qu’elle lui était bien plus bénéfique que lui devait l’être pour elle. Même si elle amenait une source de stress supplémentaire avec son caractère et ses lubies, d’un autre côté elle le rassurait, même si c’était à sa manière à elle. Ce soir en était le meilleur exemple. Si elle n’avait pas été là, Arthur serait peut-être encore dans cette ruelle sombre ou alors il serait rentré et se serait mit sous sa couette en tremblant et en se maudissant encore et encore d’être comme il était. Au lieu de ça, il était assit au milieu de son salon, à parler avec elle. Bon, il se sentait toujours mal dans sa peau, mais ça, rien ne pourrait vraiment y changer. Mais c’était toujours mieux que d’être en PLS dans son lit.

Arthur ramena ses jambes contre lui, es entoura de ses bras et déposa son menton dessus en réfléchissant à ce que disait Candide. Il devait bien admettre qu’elle avait raison sur beaucoup de points. C’était vrai que ce monstre en lui continuerait encore et encore de ressortir sans qu’il ne puisse rien y faire. Alors à quoi bon s’en faire ? Le truc, c’est qu’il ne décidait pas, c’était juste plus fort que lui. Il était comme ça. Mais peut-être qu’il pouvait essayer de compenser tout le mal qu’il faisait. Il y réfléchit silencieusement. Il n’était pas vraiment certain que faire de bonnes actions puisse compenser le fait qu’il tabassait des gens gratuitement. Ca revenait à se demander s’il avait le droit de frapper des clodos s’il participait à la soupe populaire. La réponse était bien évidemment non. Mais d’un autre côté, ça ne coûtait rien d’essayer de réparer ses erreurs, dans la mesure du possible. Il ne demanderait pas au monde de le pardonner pour ce qu’il faisait, lui-même était incapable de se pardonner, mais au moins pouvait-il faire autre chose que le mal… ? C’était vrai que rien ne l’empêchait de réparer les voitures qu’il avait cassé cette nuit… c’était même complètement dans son domaine de compétences. En plus, c’était presque sûr que la plupart des propriétaires allaient amener leur voiture à son garage alors il n’aurait qu’à inventer une excuse bidon pour les réparer gratuitement. C’était bien la moindre des choses.

Arthur se redressa un peu et prit Galahad dans sa main métallique pour le caresser avec celle de chaire et de sang pour le rassurer. Le pauvre ne semblait pas très serein avec Candide qui prenait un malin plaisir à lui faire peur. Puis il revint à Candide qui lui demandait pourquoi il n’expliquait pas sa situation aux autres.

- Et pour leur dire quoi ? « Désolé c’était pas moi, c’était mon autre personnalité maléfique » ? Dans le meilleur des cas, ils ne me croiront pas et dans le pire je finirai dans un asile.

Ceci dit il pensait de plus en plus que c’était peut-être sa place d’aller dans un asile. Mais il ne voulait vraiment pas finir avec une camisole, entouré de médecins en blouses blanches et d’autres types aussi fous que lui. Et puis il y avait une autre raison pour laquelle il gardait ça pour lui. Il savait que l’autre ne voulait pas qu’il en parle. Il ignorait vraiment la raison, mais il ne voulait en aucun cas le mettre en colère, de peur que la situation n’empire. Candide avait été une exception à la règle mais il fallait dire que le blondinet avait tellement été surpris par la réaction de la jeune fille à son égard. Et puis il fallait dire ce qui était, il suffisait de passer un peu de temps avec lui pour se rendre compte que quelque chose clochait chez lui. Donc il avait finit par tout lui expliquer. Et quelque part, avoir quelqu’un qui savait et quelqu’un qui pouvait le soutenir comme elle le faisait, c’était sans doute la meilleure chose qui lui était arrivé depuis… il ne saurait même pas dire quand.

Il reprit une gorgée de fanta tandis qu’elle reprenait visiblement en essayant de le déculpabiliser en pointant du doigt le fait que des enfoirés, il y en avait partout et qu’il était loin d’être le pire. Elle n’avait pas vraiment tort, il était bien placé pour savoir que certaines personnes aimaient brutaliser les autres juste par plaisir ou sans doute parce qu’ils appréciaient le fait de montrer leur force au monde entier. Arthur n’avait jamais été de ceux-là, étant d’ailleurs plutôt du côté de ceux qui se faisaient laminer. Mais ce n’était pas parce que certaines personnes étaient malveillantes qu’il avait le droit d’en faire autant. Et même s’il en avait le droit, il ne voulait pas. Il n’était juste pas comme ça.

- D’abord je l’ai bousculé avec mon bras gauche, ça aurait pu lui faire mal… et puis même… j’ai jamais demandé à être… comme ça… Il y a des gens qui aiment semer la terreur, mais c’est pas mon cas… je veux juste être un type normal…

Il repose sa canette et fixa le mur en face de lui

- Je sais même pas pourquoi j’ai ça en moi… j’ai jamais été du genre violent… j’ai jamais voulu blesser qui que ce soit alors… pourquoi ça m’arrive ? Pourquoi j’ai cette… chose qui est apparue...?

Il avait beau se poser la question, elle restait éternellement sans réponse. Il ne savait même pas si ça finirait pas partir. Il l’espérait, mais il commençait à douter. D’un autre côté, il se voyait mal à 70 ans continuer de tabasser des gens dans la rue. Mais il voyait tout aussi mal le fait que ça puisse un jour s’arrêter. Il avait la sensation que s’il savait d’où ça lui venait, peut-être qu’il aurait un début de réponse sur comment l’arrêter. Quand il y réfléchissait, il ne saurait même pas dire quand ça avait commencé précisément. C’était à peine s’il se souvenait comment c’était sa vie avant que tout cela ne lui tombe dessus. Il était tellement focalisé sur son état actuel qu’il n’arrivait plus à repenser au passé ou à imaginer l’avenir, bloqué dans un présent qui ne faisait que le détruire un peu plus chaque jours.

- Honnêtement je sais pas comment tu fais pour voir les choses aussi…simplement comme si rien n’était grave…

Quelque part il lui enviait ce côté-là. Si seulement il pouvait voir les choses comme elle les voyait, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Mais elle était elle et il était lui, c’était comme ça, on ne se refait pas. Il reprit encore un peu de fanta, se calmant petit à petit grâce à la présence de son amie qui avait le mérite d’apporter de l’ambiance et de la bonne humeur dans cette maison de dépressif.
« Etrangle-la. »
Arthur manqua de s’étouffer en entendant cette voix familière résonner dans sa tête. C’était l’autre qui lui parlait. Au début ça n’arrivait quasiment jamais mais c’était de plus en plus fréquent. Il se mit à tousser, ayant avalé sa boisson de travers, ne s’attendant pas vraiment à son intervention là, maintenant. Immédiatement, il se remit à trembler, une expression de réelle terreur sur son visage, comme si toute la bonne humeur et tous les efforts qu’avaient apporté Candide s’étaient envolés en une fraction de seconde, juste en entendant ces quelques mots dans sa tête. Cette autre personnalité l’effrayait au plus haut point. Et contrairement à tous les autres trucs qui l’effrayaient, là, il n’avait nul part où fuir.
« C’est facile, il suffit de mettre tes mains sur sa gorge et de serrer. »
Instinctivement, il s’éloigna de Candide, comme s’il avait peur que malgré lui, il fasse ce qu’il lui dise. Bien sûr qu’il ne lui ferait jamais de mal, du moins pas de son plein gré. Mais dans sa situation, il n’était plus sûr de rien. Il pouvait très bien refaire une crise là, maintenant, même s’il n’en avait jamais fait deux aussi rapprochées.
« Tue-la. »
Arthur prit sa tête dans ses mains, se recroquevillant sur lui-même. Il ne voulait pas la blesser, pas elle. Il savait qu’elle pouvait se défendre, elle avait déjà affronté l’autre. Mais il ne voulait prendre aucun risque. Il espérait qu’il n’était pas sur le point de faire une crise que ça se limiterait à cette voix dans sa tête.

- Stop…

« Ce sera facile, vas-y. »
Pourquoi ça ne s’arrêtait pas ? Pourquoi ça ne s’arrêtait jamais ? Il voulait que ça cesse. Juste que ça cesse. Il ne voulait blesser personne. Il resta recroquevillé, dans un coin, tremblant, ayant peur de ce qui allait arriver. Il n’allait pas attaquer Candide, jamais il ne ferait ça. Et il n’allait pas refaire de crise, il venait d’en faire une. C’était juste cette voix qui parlait, comme il commençait à en prendre l’habitude. Mais il ne pouvait s’empêcher d’angoisser profondément en l’entendant résonner dans sa tête. Et ce qu’il disait ne le rassurait jamais. Parfois c’était pour le rabaisser. Et d’autre fois, comme celle-là, pour l’encourager à faire des choses comme tuer. Et bien qu’Arthur se refusait à lui obéir, entendre ça en disait long sur ce que projetait de faire l’autre quand il reprendrait le contrôle.

- Il veut te tuer Candide… tu devrais pas rester là…

Finalement, cela lui rappelait pourquoi il était resté seul tout ce temps. II ne supportait pas de faire du mal à qui que ce soit, mais il supposait que ce serait encore pire s’il faisait du mal à des amis.
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