How was I supposed to find out that I’d crumble. Porcelain.

Niels Mørck

- I'm pulling your strings. Twisting your mind. -

Identité

MADE BY .ANGELUS

Welcome to the Puppet Show

- Be a doll and take my heart -

Monde des contes

Hans, de son vrai nom, était un marionnettiste et fabriquant de poupées itinérant dans la Forêt Enchantée. De ses origines il ne connaît que son père, qui lui avait appris le métier, quant à sa mère elle n'a été dans son existence qu'un point d'interrogation avec lequel il a appris à grandir tout en se détachant de l'idée de la connaître un jour. Il est loin d'avoir prévu de reproduire ce modèle familial un jour, loin de se focaliser sur son idée, et pourtant c'est ce qui finit par lui arriver. Avant d'avoir le temps de réaliser Hans se trouve père de famille, d'une petite fille blonde comme les blés, et surtout le seul parent à devoir de s'occuper de cette nouvelle vie qui lui est confiée. Qu'importe. Il le sait dans le fond, qu'importe l'adversité et la douleur, il serait déjà prêt à donner sa vie pour cet enfant qui bouleverse son univers mais pour qui son amour est déjà présent. Alice fut le nom qui lui offrit. L'aimer il savait faire et il fallut apprendre à l'élever, à apprendre les gestes et tout ce qui fait une personne un bon parent, tandis qu'il continuait à sillonner ce pays en sa compagnie. Quel bonheur Hans put recevoir, sa fille était le trésor de son existence, et par une forme de naïveté il n'avait jamais pensé qu'un jour les choses seraient différentes.

Mais la roue tourne. Hans se souvient encore de ces terribles semaines, de ces jours d'un long supplice, lorsque son Alice tomba malade vers ses six ans et qu'aucun remède ne semblait fonctionner. Il s'est alors réfugié en partie dans son travail, comme pour ne pas voir la vérité en face et espérer que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve, cherchant à  gagner plus d'argent dans le but d'acheter toujours de soins. La finalité en fut la mort tragique, assez rapide, de l'enfant qu'il avait aimé plus que de sa vie elle-même. Comment tout ceci était possible ? Comment se relever ? Hans ne pouvait pas. Il était mort en même temps qu'elle, rien n'avait plus la moindre importance, la tristesse mélangée à une forme de culpabilité étaient un poids bien trop lourd à supporter. C'est là qu'elle lui vient pour la première fois, avec un air doux et un sourire qui se voulait bienveillant, celle qui était surnommée ailleurs la Beldam. Sa véritable mère, l'inconnue de son existence, d'une lignée catastrophique où la mort est omniprésente.

Elle l'entraina vers un monde nouveau, loin de la réalité surnommée N-Filed, et Hans ne pouvait que la suivre toujours plus loin car séduit par la promesse qu'elle avait pu lui faire : ramener Alice à la vie. Un parfait mensonge, elle était incapable de rendre son âme à la petite fille, qu'il pu comprendre assez tôt pour s'échapper des griffes terribles métalliques de cette mère monstrueuse. Hans le savait. C'était lui qui devait ramener Alice, il avait promis de donner sa vie pour elle, et il était prêt à tout pour ceci. Il lui construisit un corps, fait de porcelaine, et réussit à lui donner une part de son cœur. S'il en fut satisfait au début très vite, celui qui se faisait désormais nommer Rozen, comprit que cette poupée vivante n'était pas sa fille. Alors il continua l'expérience, offrant un peu plus un bout de son cœur jusqu'à ne plus qu'en posséder qu'une sombre petite partie, sans que le résultat ne soit jamais attendu. Usé mentalement, conscient qu'il ne pouvait continuer ainsi, la vue de ses poupées lui offrait un dégoût grandissant au point qu'il décida de les abandonner dans ce monde irréel de la N-Field.

Rozen mit du temps à mettre ses idées en place, utilisant cette porte d'entrée vers de nombreux mondes pour y voir ce qui pouvait bien s'y passer, essayant même quelques rares expériences dans son coin. Notamment avec un automate. L'art était délicat mais loin d'être impossible pour un virtuose comme lui habitué à toucher plusieurs formes d'art. Il offrit à ce corps froid une forme humaine saisissante, inconsciemment l'idée de ce qu'aurait pu être Alice si elle avait pu grandir, tandis que les mécanismes la faisaient se mouvoir comme n'importe quel être humain normal. Cependant, bien que ressemblant fortement à une véritable personne il manquait quelque chose, ce n'était qu'un amas de cliquetis sans âme et sans aucune conscience. Un objet froid. Qui réussit tout de même à séduire un jeune homme, convaincu qu'elle appartenait à l'espèce humaine au vu de son réalisme, et qui en devient littéralement fou d'amour. Ce n'était pas ce que Rozen cherchait. Se remémorant que le seul moyen de l'obtenir c'était de réussir à récupérer l'âme d'Alice, de la faire revivre comme dans ses souvenirs et son coeur, et le meilleur moyen se trouvait dans ses premières créations.

Il se présenta de nouveau devant elles, sous les traits masqués d'un lapin, en leur expliquant qu'il y avait un moyen de rendre leur père heureux et ce moment-là n'était autre que le Jeu d'Alice. Réunir les morceaux de coeur, surnommé les Rosa Mysticas, était le but cruel de la procédure et pour ceci chacune d'entre elles devra se battre jusqu'à la mort pour imbriquer les morceaux ensemble. Sans ces pierres dans leur corps elles n'étaient plus que des pièces de porcelaine vides, des coquilles vides et de simples jouets, et si des réticences ont pu se faire il put se féliciter que certaines de ces "filles" étaient prêtes à aller jusqu'au bout. Le temps passa et les combats faisaient rage, dans cet endroit étrange au temps figé qu'était la N-Field, sans que pour autant aucune n'en vienne à en éliminer une autre. L'attente devenait longue, le peu de cœur qui lui restait le fit autant souffrir qu'il devenait hermétique au monde qui l’entourait, gardant un œil sur elles tout en menant ces expériences de son côté.

C'est dans l'une de ces tentatives de trouver un moyen parallèle qui le poussa vers le monde sa génitrice. Un spectacle burlesque avec des sortes d'animatronics, dans une maison se trouvant dans un monde plus moderne que la dernière fois qu'il avait pu le visiter, le tout dans un silence pesant. Du moins jusqu'à la nuit tombée. Ces figures d'animaux venaient à prendre vie, cherchant à assouvir une soif de sang que Rozen ne pouvait expliquer, tandis qu'il cherchait de son côté un quelconque objet qui pourrait lui être utile dans sa quête. Courant dans le manoir de l'horreur, essayant de retrouver la main sur le miroir qui lui avait permis de rentrer à l'intérieur de la bâtisse, il manqua à plusieurs reprises de perdre sa tête et surtout face à l'étrange Puppet. Il sut qu'il était loin de pouvoir affronter ainsi sa mère, face à ces colosses de fer effrayants il ne ferait que perdre son temps, bien loin de savoir la réalité et de ce que pouvaient abriter réellement ces figures grotesques. Passant le miroir sans plus attendre, rejoignant un terrain bien plus favorable, c'est là où le sort noir frappa pour l'emporter vers une vie plus monotone et banale en apparence...

Bourg-le-Conte

Insipide. C'est la première pensée qui vient à Niels lorsqu'il se réveille, fixant un petit temps le plafond en se demandant ce qui pourrait bien provoquer une exaltation, le début d'une journée sans fin et sans en avoir conscience. La ville à Bourg-le-Conte est d'une banalité affligeante, cherchant encore pourquoi il a bien pu s'établir dans cette petite ville perdue, encore plus pour une personne qui comme lui a énormément voyagé. Du moins dans ses souvenirs faussés. Et comme chaque jour figé il relit la même brochure, sans en avoir la moindre idée, sur des pays lointains et des possibles voyages. Mais pour l'heure, c'est peu de le dire le concernant, il lui faut se rendre à sa petite boutique où les horloges ont des bruits des plus discordants lorsqu'elles sont en possibilités d'en produire. Le temps est quelque chose qui a toujours fasciné Niels, décortiquant le moindre des mécanismes pour refaire fonctionner une montre, mais plus encore les pantins et autre automates sans se l'expliquer. Ainsi ne peut-il jamais se retenir un coup d’œil devant certaines vitrines tandis qu'il se rend Chez Granny pour sa pause, loin de passer inaperçu au vu de sa grande stature, souriant et conversant face à ceux qui croisent sa route. Le reste de la journée passe dans une banalité sans nom, une forme d'ennui collant lamentablement à la peau, le tout cadré par des horaires assez fixes. Lorsque la porte de la boutique est fermée à clé c'est l'impression d'une journée morne qui lui reste en travers de la gorge, conscient d'un manque sans se l'expliquer, jusqu'à ce que ses pas l'amènent devant la grille du cimetière sans savoir pourquoi. Niels s'arrête, observe le calme, et finit par avancer sans plus de cérémonie pour aller boire un verre puis rentrer chez lui.

Et puis le changement s'opéra. Tellement subtil que personne n'aurait su dire ce qui avait pu changer, même Niels l'a senti, sans que personne ne puisse mettre le doigt dessus. La rumeur parlait de nouveaux habitants mais était-ce si exceptionnel ? Il ne se rapelait plus trop quand ce genre d'évènement était arrivé en dernier, ou peut être que si mais ça ne l'avait que peu intéressé, mais ces ragots n'étaient pas une chose dont il fallait s'inquièter. Les petits villages restaient très centrés sur eux-même, peu ouverts envers le monde, et la moindre arrivée est vue comme une intrusion jusqu'à ce qu'au bout de quelques mois les personnes aient pu montrer convenablement pattes blanches. Il préfère s'amuser de cette crainte de campagnards, un divertissement qui ne peut que l'enchanter, pourtant malgré tout l'air reste pesant. Les visages sont différents, les personnes semblent moins léthargiques sans qu'il ne l'explique, et si ce n'était que ceci rien ne serait réellement alarmant. Ce qui l'est en revanche, bien que le son soit presque inaudible et très subtile, c'est l'impression d'entendre parfois un petit rire lointain. Fatigue passagère ? Peut-être. Ou alors tout ceci cache quelque chose de bien plus grand...

MADE BY .ANGELUS